Plan pour l'oral + plan pour un commentaire composé : pdf

Introduction

 ... mettons en évidence, au fil de la lecture les qualités dramatiques et le caractère d'exposition de cette première scène ... 

Découpage de la scène:

- l.1 à 20 : les deux futurs mariés sont joyeux et pleins de complicité
- l.21-43 : stichomythie conflictuelle entre S et F           [pour l'examen on ne prendra l'analyse détaillée que jusqu'ici]
- l.44-66 : retour au dialogue et révélation faite par S.
- l.67-101 : S a de l’esprit et en remontre à F
- l.101-140 : l’habile Figaro se met en campagne

Explication linéaire détaillée

• l.1 à 20 : les deux futurs mariés sont joyeux et pleins de complicité

La didascalie introduisant l'acte premier décrit l'espace scénique et présente les deux personnages principaux.
- l'épithète "à demi-démeublée" et Figaro qui mesure avec une toise laissent entendre que la mise en scène doit suggérer des préparatifs, des changements, une ambiance
- Figaro et Suzanne sont chacun occupé de leur côté: il faut laisser quelques secondes avant d'entamer le dialogue

l.9 : Figaro se parle à lui-même : il est affairé, concentré. Notre attention de spectateur s'interroge: que fait-il? quel est le but de ces mesures?

l.11 : Suzanne l'appelle par son nom, l'interrompt, attire son attention ("Tiens", "voilà"), lui pose une question pour le faire réagir.

l.12-15 : réplique en deux phrases de Figaro
- la première phrase est la réponse de Figaro à la question de Suzanne; elle est assortie d'une apostrophe affective, pleine de tendresse, "ma charmante", qui contient un possessif "ma" et qui prolonge la didascalie "lui prend les mains" pour signifier l'amour de Figaro pour Suzanne
- la deuxième phrase a un caractère monologué (Figaro se parle à lui-même) et expressif (c'est phrase exclamative); cette phrase contient des informations importantes pour l'exposition: la pièce commence le matin, Figaro et Suzanne doivent se marier dans la journée: la redondance "le matin des noces" + "époux" est au service de la clarté: le dramaturge s'assure que l'auditeur comprendra la situation même s'il manque un des deux mots); le caractère monologué de cette phrase est une manière pudique, respectueuse, de multiplier les compliments du jeune amoureux à sa fiancée (joli bouquet virginal ,belle fille...), de dire "je t'aime" sans l'asséner, grâce à l'épiphète "amoureux"

l.16-17
- la didascalie "se retire" montre que Figaro a maintenu Suzanne pendant toute sa réplique, y compris pendant ses compliments monologués; elle montre aussi que Suzanne est une jeune fille vertueuse, pleine de pudeur, qui résiste aux assauts amoureux de son fiancé (comme à la fin de la scène, l.123sqq)
- Suzanne pose la question que nous, spectateurs, pouvions nous poser: "Que mesures-tu donc là, mon fils?"; sur le moment, c'est aussi pour elle une façon de "se retirer", de changer de sujet face aux compliments empressés de Figaro qui lui tenait les mains; comme dans la réplique précédente de Figaro, il y a une apostrophe affective "mon fils"; en l'appelant "fils", Suzanne semble prendre le dessus, le traiter en enfant; or, la suite de la pièce confirmera sa force de caractère

l.19-20 : la réplique de Figaro précise plusieurs points de l'exposition:
- le prénom de sa fiancée (encore assorti d'une formule affective avec possessif : "ma petite Suzanne", l'épithète "petite" faisant écho à "mon fils", comme si Figaro ne voulait pas laisser sa fiancée prendre trop le dessus;
- cette chambre qu'il est en train de mesurer sera la chambre conjugale des nouveaux époux ("ce beau lit", "ici" pour nous)
- le principal opposant de Suzanne et Figaro est introduit: "Monseigneur"

 l.21-43 : stichomythie conflictuelle entre S et F 

l.22
- le fait que Suzanne pose une question à laquelle il a déjà été répondu ("ici", l.20, par Figaro) suggère au comédien et au metteur en scène qu'on peut marquer l'étonnement de Suzanne: elle ne peut ni ne veut y croire !

l.24
- Figaro répond par une explication: "Il nous la cède." En évoquant à nouveau "Monseigneur" par le pronom "il", Figaro croit qu'il souligne la générosité du Comte Almaviva, alors que pour Suzanne c'est insister sur celui qui la courtise et qui risque d'être un opposant à leur bonheur

l.26
- "Et moi je..." : le pronom "moi je" s'oppose à "il", montrant une Suzanne prête à tenir tête non seulement à Figaro mais à Monseigneur lui-même

l.28
- "Pourquoi?" Désormais, c'est Figaro qui interroge (alors que jusqu'à présent il n'a fait que répondre aux questions de Suzanne

l.30-36
- Pour montrer que Suzanne campe fermement sur ses positions, l'auteur la fait se répéter mot pour mot "Je n'en veux point." ou la laisse évasive "Elle me déplaît", face à Figaro qui insiste dans son interrogatoire; 
- les répliques sont brèves, constituées chaque fois d'une seule proposition: c'est une stichomythie; le ton monte entre les deux jeunes amoureux au caractère fort

l.38-40
- "Si je n'en veux pas dire?" cette question de Suzanne est une phrase incomplète: elle ne contient que la conditionnelle "Si..." mais pas la principale, qu'on peut imaginer provocante : "que pourrais-tu y faire?", "pourquoi insister?" 
- L'agacement de Figaro transparaît dans sa réplique de la l.40 qui relève du monologue, où il est question des femmes en général "elles" face aux hommes en général "nous" : exclamation (deux points d'exclamation dans la réplique) d'un homme agacé qui se réfugie dans la misogynie. 

Conclusion

Ainsi, dans ce début de scène d'exposition nous avons déjà découvert les deux personnages principaux, leur caractère fort autant qu'amoureux, ce qui donne du mouvement, du seul à cette scène. Nous sentons déjà que le mariage prévu dans la journée ne se fera pas sans difficulté : sans doute Monseigneur y est pour quelque chose... La suite de la scène nous le confirme, lorsque Suzanne apprend à Figaro que le Comte Almaviva la courtise....

Compléments : particularités et originalité de cette scène d'exposition
- le personnage principal, Figaro, est le premier que nous voyons et entendons; cependant, dans cette première scène c'est sa fiancée Suzane qui mène le dialogue; 
- la pièce étant la suite d'une autre, le Barbier de Séville, la plupart des personnages (sauf Suzanne) dont il est question dans cette scène, sont cohérents avec cette précédente comédie; 
- Figaro, bien que réputé pour son sens de l'intrigue, n'a pas deviné les intentions cachées du Comte et apparaît ici un peu ingénu (sa surprise constitue comme une première péripétie)