Ἀμαθία μὲν θράσος, λογισμὸς δὲ ὄκνον φέρει.

  • μὲν / δὲ > distinction, opposition
  • φέρει (3 sg) : porte, apporte
  • ἀμαθία (N sg de ἀμαθία, ας, ἡ > S de φέρει): l’ignorance (ἀ privatif)
  • θράσος (Ac sg de θράσος, εος-ους, τὸ > COD de φέρει) : l’audace
  • λογισμὸς (N sg de λογισμὸς, οῦ, ὁ > S) : le calcul, le raisonnement
  • ὄκνον (Ac sg de ὄκνος, ου, ὁ > COD) : la lenteur, l’hésitation, indécision, crainte

Traduction: L'ignorance suscite l'audace, le raisonnement la crainte. 

Contexte (cf Tosi 320): Dans le livre II de sa Guerre du Péloponnèse, Thucydide rapporte un discours de Périclès, en hommage à ceux qui sont morts durant la première partie de la guerre (431 AC). Périclès fait ici l’éloge de la culture et du comportement athénien:

XL. - Nous savons concilier le goût du beau avec la simplicité et le goût des études avec l'énergie. Nous usons de la richesse pour l’action et non pour une vaine parade en paroles. Chez nous, il n'est pas honteux d'avouer sa pauvreté ; il l'est bien davantage de ne pas chercher à l'éviter. Les mêmes hommes peuvent s'adonner à leurs affaires particulières et à celles de l'Etat ; les simples artisans peuvent entendre suffisamment les questions de politique. Seuls nous considérons l'homme qui n 'y participe pas comme un inutile et non comme un oisif. C'est par nous-mêmes que nous décidons des affaires, que nous nous en faisons un compte exact pour nous, la parole n'est pas nuisible à l'action, ce qui l'est, c'est de ne pas se renseigner par la parole avant de se lancer dans l'action. Voici donc en quoi nous nous distinguons : nous savons à la fois apporter de l'audace et de la réflexion dans nos entreprises. Les autres, l'ignorance les rend hardis, la réflexion indécis. Or ceux-là doivent être jugés les plus valeureux qui, tout en connaissant exactement les difficultés et les agréments de la vie, ne se détournent pas des dangers. En ce qui concerne la générosité, nous différons également du grand nombre ; car ce n'est pas par les bons offices que nous recevons, mais par ceux que nous rendons, que nous acquérons des amis. Le bienfaiteur se montre un ami plus sûr que l'obligé ; il veut, en lui continuant sa bienveillance, sauvegarder la reconnaissance qui lui est due ; l'obligé se montre plus froid, car il sait qu'en payant de retour son bienfaiteur, il ne se ménage pas de la reconnaissance, mais acquitte une dette. Seuls nous obéissons à la confiance propre aux âmes libérales et non à un calcul intéressé, quand nous accordons hardiment nos bienfaits.