Dialogues des Carmélites, de Bernanos: sources, destin et postérité
14 septembre 1792 : la communauté des Carmélites de Compiègne est expulsée de son monastère; les 20 Sœurs doivent porter des vêtements civils et, se voyant interdire la vie communautaire, se répartissent en quatre groupes dans plusieurs endroits de la ville
- Mme Philippe fait partie des 7 avec la Mère Lidoine (prieure), trois Sœurs âgées, une converse et une tourière
22 juin 1794 : arrestation des 16 Carmélites présentes (une est décédée, deux dans leur familles et Mme Philippe à Paris pour des démarches administratives)
17 juillet 1794 : jugement et exécution des 16 Carmélites
1836 : publication par l’abbé Villecourt de Histoire des religieuses carmélites de Compiègne, conduites à l’échafaud le 17 juillet 1794. Ouvrage posthume de la sœur Marie de l’Incarnation, carmélite du même monastère.
1931 : parution de Die Letzte am Schafott, de Gertrud von Le Fort (trad. fr. La Dernière à l’échafaud parue en 1937, 1950, 1962, 1987)
- C’est Gertrud von Le Fort qui crée le personnage fictif de Blanche de La Force, novice dévorée par la peur, mais qui rejoindra ses Sœurs dans le martyr)
juste après la 2° guerre mondiale, le Père Bruckberger o.p. demande à Bernanos d’écrire les dialogues d’un film et fournit à l’auteur un scénario d’après la fiction de Gertrud von LeFort
1949 : on retrouve en Tunisie le manuscrit de Dialogues des Carmélites, que Bernanos a composé de janvier à mi-mars 1948, parmi de grandes souffrances et en sachant que c'était sa dernière œuvre (il meurt à Neuilly en juillet 1948)
1952 : Jacques Hébertot porte au théâtre Dialogues des Carmélites dans une mise en scène de Marcelle Tassencourt (cf http://www.regietheatrale.com/index/index/programmes/programmes.php?recordID=142&Dialogues%20des%20Carm%E9lites-MAULNIER-1953)
26 janvier 1957 : création de l’opéra Dialogues des Carmélites (composition commencée en 1953), de Francis Poulenc, en italien à la Scala de Milan; 21 juin 1957, création en français à l’Opéra de Paris (le livret est constitué d’amples extraits du texte de Bernanos)
1960 : sortie du film Le Dialogue des Carmélites, de Philippe Agostini et Raymond Leopold Bruckberger (film qui ne reprend pas entièrement le texte de Bernanos)
1984 : téléfilm Dialogues des Carmélites, de Pierre Cardinal, reprenant très largement le texte de Bernanos
1993 : parution de La relation du martyre des seize Carmélites de Compiègne - Les documents originaux inédits publiés par William Bush
Comparaison de deux extraits:
- Le Fort : La dernière à l'échafaud - la perquisition
- Bernanos : Dialogues des Carmélites - III, 10 la perquisition
Relation du martyre...
• «Ce fut peu de temps après leur expulsion, à la mi-septembre 1792, que la communauté entreprit, à la suggestion de la mère prieure, Sœur Thérèse de Saint-Augustin (Lidoine), la récitation quotidienne d’un acte de consécration par lequel elles s’offraient à Dieu, corps et âmes, comme victimes expiatoires afin de faire cesser les maux qui affligeaient leur patrie et leur Eglise.» (Avant-propos de l’éditeur William Bush) p.12
[alors que chez Bernanos Mme Lidoine ne se rend que difficilement à l’idée du «vœu de martyre»]
• la véritable Sœur Marie de l’Incarnation n’a pas une âme de feu comme chez Bernanos: elle s’enfuit en Suisse après la condamnation de ses Sœurs
• un bref échange d’une Sœur avec Fouquier-Thinville, lors de leur passage en jugement, leur confirme qu’elles sont condamnées «pour la cause de notre sainte religion, notre foi, notre confiance en la sainte Eglise catholique...» (p.95)
• les Sœurs ont été arrêtées le jour on leur a permis de laver leurs vêtements civils: c’est pourquoi elles portaient leurs habits religieux (p.209) > l’iconographie traditionnelle n’a donc pas tort de les peindre ainsi habillées
• in Manuscrit III, biographie de la Révérende Mère Henriette de Jésus, ex-prieure (Françoise de Croissy): récit des visites des autorités de la ville (p.246-247):; apparaît ici l’idée que les Sœurs sont cloîtrées sous la contrainte, que la Loi peut leur offrir la liberté
Dialogues des Carmélites, portés à la scène (cf http://www.regietheatrale.com/index/index/base_donnees/dossiers/rep.php?id=2433)
Les Dialogues des Carmélites ont été traduits en allemand sous le titre Die begnadete Angst (la Peur comme dot, la peur accordée par Grâce > La Peur et la Grâce), par Eckart Peterich, et publiés en 1951.
Présentés au théâtre la première fois à Zürich, le 14 juin 1951, puis à Munich, Salzbourg etc.