Die Letzte am Shafott est présenté généralement comme une nouvelle, car le texte n’occupe qu’environ 130 pages. Cependant, la narration est faite à la première personne et se présente comme une lettre: M. de Villeroi (p.35), demeuré en France à Paris, répond en octobre 1794, à la lettre de son amie, émigrée. Ledébut de cette lettre fictive est thématique: le force, le courage des femmes; le rousseauisme et la croyance en la bonté naturelle de l’homme.
L'œuvre est publiée en Allemagne en 1931, en traduction française en 1937.
A propos du personnage qu’elle crée, Blanche de la Force, dans La Dernière à l’échafaud, elle dit: «[Blanche] a reçu le souffle de la vie de mon esprit intérieur (...). Née dans l’horreur profonde d’une époque assombrie par les signes de la destinée, ce personnage m’est venu comme l’emblème d’une époque à l’agonie travaillant à sa propre ruine.»
Gertrud von Le Fort compare donc l’Allemagne des années 1920 et 1930, à la France de la fin du XVIIIème siècle et de la Révolution.
Personnages fictifs créés par Gertrud von Le Fort et repris par Bernanos
- Blanche de La Force: les circonstances tragiques de sa naissance (p.10-12), l'emprise de la frayeur sur son caractère (p.14)
- Le Marquis de la Force (père de Blanche), voltairien (p.7)
- Rose Ducor (p.30, 32), chanteuse célèbre qui aide Mère Marie de l'Incarnation
- les personnages de la commission qui visitent le monastère à la recherche de personnes séquestrées (p.43sqq)
+ quant au Chevalier de La Force, frère de Blanche, il n’apparaît pas dans la Dernière à l’échafaud alors qu’on l’entend au premier tableau (I, 1, 2) et au troisième (III, 8) dans Dialogues des Carmélites.
Modifications importantes de la réalité historique, qu'on retrouve chez Bernanos:
- la prieure Croissy, qui meurt dans une atroce agonie, en 1789 (p.28)
- Mère Marie de l'Incarnation, présentée comme maîtresse des novices (p.38), une forte personnalité (p.32) à l'origine de l'idée d'un "acte héroïque de consécration" (p.34), et pour laquelle la prieure Lidoine avait une grande estime (p.37-38), à qui Blanche est particulièrement confiée (p.39)
Eléments qui trouvent leur explication dans la nouvelle
- le surnom "petit lièvre" (p.17): par référence à ses frayeurs
Différences avec le texte de Bernanos
- Blanche reçoit le nom de religieuse "de l'Agonie du Christ" sans l'avoir demandé (p.41)